Promenade à Bellon
Pendant les vacances de Pâques, nous profitions parfois d’un beau jour pour aller nous promener à Bellon.
Tout le monde s’entassait dans la charrette à capote ; et fouette cocher ! En route pour la campagne !
Nous allions au bout du monde ! Et pourtant il n’y avait pas plus de deux kilomètres.
L’impression est toujours la même quand on revient dans une maison à une époque où elle n’est pas faite pour donner le meilleur d’elle-même ! Rien ne semble à sa place, tout parait ridicule.
C’était donc ça la cabane où nous passions le plus clair de notre temps pendant les grandes vacances ? Qu’il était donc petit ce simple abri de jardin où s’entassaient les meubles de la terrasse !...
Mais l’heure n’était pas à la nostalgie ! Nous gambadions dans l’herbe comme des poulains échappés à la recherche des coucous. C’était à qui trouverait les plus gros, les plus fournis en collerettes ; car il s’agissait de confectionner la plus grosse balle possible.
Il y avait aussi, au milieu d’une pelouse, un arbuste merveilleux paré de pompons jaunes du plus bel effet.
Nous le dépossédions de ses fleurs pour en décorer les vases de la maison de Vierzon.
Ce ruissellement de fleurs jaunes dans la nature, c’était le Printemps en personne chassant au loin la grisaille de l’Hiver !
Chaque fois que je vois un arbuste semblable, je revois le printemps à Bellon.
Dans le Sud-Ouest ils fleurissent jusqu’à l’automne. Peut-être qu’à Bellon ça aurait été la même chose, si nous n’avions pas coupé toutes les branches à Pâques !...
Pour nous réchauffer un peu, car l’air était quand même frais, nous faisions un tour dans les allées, descendant par la "Chambre Verte" qui n’était pas encore très verte et laissait voir la route à travers les troncs dégarnis de feuilles.
Le Potager du Bas n’avait pas encore cet aspect de terre écrasée de soleil qui était sa caractéristique pendant l’été.
Les taupes avaient là un terrain de prédilection pour y creuser leurs galeries.
Il fallait faire attention à ne pas se tordre le pied dans l’effondrement d’une taupinière.
En sortant du potager, nous traversions le petit Pont en dos d’âne et cherchions sous les lentilles d’eau du ruisseau les grenouilles vertes.
Mais elles n’étaient pas encore au rendez-vous de nos chiffons rouges et de nos épingles pour les pêches de l’été.
Avant que le soleil ne descende trop bas, nous reprenions le chemin de Vierzon, bien serrées dans la voiture et les mains sous la couverture, pour nous préserver du petit vent frais.
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